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Château de LIBERME - Kettenis (Syndicat d'initiative trois frontières)

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CHÂTEAU LIBERME (Kettenis)


Ce joli nom évoque à la fois un ancien lignage limbourgeois et l'un des plus pittoresques châteaux du vieux duché. A sept cents mètres au nord-nord-est du clocher de Kettenis, en contrebas et à l'ouest de la chaussée qui conduit à Eynatten, un petit groupe de bâtiments se blottit dans un vallonnement : c'est Libermé.

On l'atteint, soit par une allée privée bordée d'arbres, soit par un chemin encaissé, quelques pas plus loin. Suivons celui-ci pendant une centaine de mètres et tournons à gauche ; nous arrivons dans une cour de ferme sans aucun caractère mais, à notre gauche, apparaît une petite construction du 16e siècle, sorte de châtelet, coiffée d'un toit d'ardoises relié aux flèches octogonales de deux tours rondes, au soubassement en saillie, qui la flanquent. Elle se prolonge, à droite, d'un modeste corps de logis ancien, à la toiture de tuiles.
Entre les deux tours s'ouvre une porte charretière en plein cintre, ménagée dans l'encastrement rectangulaire de l'ancien pont-levis ; les traces de celui-ci se retrouvent encore dans les encoches des deux pierres qui supportaient son pivot.
Cela prouve qu'anciennement, la ferme jouxtant le château était, comme celui-ci, entourée d'eau. Le cintre de la porte est finement sculpté aux armes des Battenburg et des Straet ; ses piédroits ont de larges échancrures en demi-lunes pour faciliter le passage des chariots.

Il est surmonté de deux arcatures ogivales et, juste sous la corniche, le linteau d'une petite baie rectangulaire porte une inscription gothique, indiquant la date de la construction - 1534 - et le nom du constructeur, Battenburg.

Pénétrons sous le porche, qui donne dans une petite cour de ferme pavée ; à droite, un pont de pierre de trois arches, dont une clef de voûte donne l'année 1756, remplace un second pont-levis disparu. Au delà, précédé d'une petite cour, s'élève le château, tout entouré de larges douves intactes. C'est une construction rectangulaire assez haute et ramassée, à un étage sur rez-de-chaussée surélevé, elle est couverte d'une toiture à deux pentes, en ardoises herbins, garnie de lucarnes.

Au pignon Nord-Est et à la face Nord-Ouest, la partie supérieure des parois était en colombage et en encorbellement, sur corbeaux en bois. L'encorbellement subsiste, mais diminué ; le colombage du Nord-Ouest et ses archaïques petites baies encadrées de chêne ont été supprimés lors des remaniements de 1919.

La façade principale regarde le Sud-Est, vers la grande route Kettenis-Eynatten. Une aile en retour d'équerre y est jointe, de l'arête de sa toiture émerge une flèche de tour conique, dont on ne saisit pas la signification et qui n'existait pas avant 1919 ; toute cette aile était d'ailleurs plus basse son arête faîtière n'atteignant que la hauteur des corniches du bâtiment principal ; on y remarque encore le linteau gothique d'une fenêtre et d'une porte de cave.

Les autres baies, refaites au 18e siècle, sont de style Louis XV, sauf celles qui ont été l'objet des remaniements de 1919, à la face Nord-Ouest. Un haut escalier latéral grimpe vers l'entrée; un peu en deçà, servant de linteau à une porte de cave, une longue pierre est sculptée aux armes Straet et Libermé; elle provient sans doute d'une ancienne cheminée.

Libermé était un stock-fief distinct de celui de Kettenis, mais il dépendait aussi du Chapitre de Notre-Dame d'Aix-la-Chapelle.
En 1346, le château se trouvait dans les mains d'Arnold de Libermé ; il reste dans sa descendance jusqu'à l'extinction de la famille dans les mâles, un siècle et demi plus tard.

On cite en 1366, Rose, veuve de Gilles de Libermé, son fils Thomas et Ziche de Libermé.

En 1407 Schin de Hagen en possède le tiers ; en 1439, il entre en la possession de Guillaume de Libermé, chanoine de St-Lambert et préfet du Chapitre de St-Jean à Liège.
Au milieu du 15e siècle, Carsilis d'Eupen apparaît comme en ayant hérité ; il le transmet aux frères Jean et Bauduin de Birgel et à Werner de Palant.
En 1453, le château est acquis par Thierry de Palant, burgrave de Limbourg, qui le revend trois ans après à Jean Bertolf de Hergenrath ; celui-ci avait épousé, en 1445, Agnès Poleyn de Kettenis, après en avoir eu trois fils « avant la lettre ».

En 1518, le bien appartient à Gérard de Kaldenbach, époux de Marie Krummel de Nechtersheim ; il le vend en 1531 à Herman de Battenburg, capitaine au service impérial. C'est lui qui, en 1534, construisit, sur l'emplacement de l'ancien burg, un nouveau château plus spacieux, ainsi que le châtelet ; les flèches de ses deux tours, supprimées dans le premier quart du vingtième siècle, ont été rétablies en 1932.

Herman de Battenburg avait eu de son épouse, Elisabeth de Straet, un fils qui hérita de Libermé, puis le transmit par succession à sa fille, Marie de Battenburg ; celle-ci s'unit : 1° à Jacques de Presseux de Hautregard, capitaine d'infanterie wallonne, et 2° au capitaine Léonard d'Aywaille. Ce dernier fut investi de Libermé en 1604 ; néanmoins, la propriété fit retour à Catherine de Presseux, fille issue du premier mariage de sa femme. Elle épouse Jean de Halley (+ 1665), qui relève Libermé en 1634.

Le bien échoit, après eux, à leur fils Albert-Ernest de Halley, puis à leur petit-fils, Claude-Charles de Halley, doyen de la collégiale de Sainte-Croix à Liège ; il opère le relief en 1675, puis vend le bien, en 1697, au baron Maximilien d'Estembecque. Celui-ci, décédé en 1738, en avait fait donation, en 1710, à sa fille Isabelle-Josèphe qui s'unit à Thomas de Royer. Leurs fils Jacques-Alexandre et Maximilien de Royer leur succèdent et font certains aménagements aux immeubles : modernisation de la façade Sud-Est et remplacement du pont-levis du château en 1756.

Jacques-Alexandre étant prédécédé, son frère Maximilien-Thomas de Royer resta seul possesseur du domaine et adjoignit à son nom de famille celui de Libermé. Il épousa - 1° Marie-Cath. Elisabeth de Schindel, 2° Anne-Marie Engler.

A sa mort, en 1790, il transmit Libermé à sa fille du 1° - lit, Anne-Marie Lambertine (ou Marie-Thérèse-Josèphe ?) de Royer, épouse de Jean-Charles-Thomas de Fraipont (1757-1811). Ils y habitèrent et le vendirent à Pierre-André-Guillaume-Joseph Poswick (1769-1851), époux de Marie-Claire-T. H.A. Marbaise. Ce dernier fut juge de paix à Walhorn, maire puis bourgmestre de Kettenis de 1800 à 1827.

En 1823, il vendit la propriété à Guillaume-Henri-Fr. The Losen, qui la laissa à son fils Renier-Bertrand ; elle passe, vers 1835, au fils de celui-ci, Auguste The Losen. Après la mort de ce dernier, elle échoit à sa fille, Elise-Marie-H. A. The Losen, unie en 1880 au juge Franz-Audomar Broich. Ils possèdent Libermé dès 1895 et le vendent en 1918 à Edwin (ou Emile ?) Suermondt, époux d'Anne Englerth.

L'année suivante, il fit effectuer au château d'assez importants travaux, notamment le surhaussement de l'aile vers la route, la suppression du colombage et le remplacement des fenêtres du côté opposé.

Ces remaniements ne sont pas heureux et diminuent incontestablement le caractère si pittoresque de l'édifice.

Après son décès, survenu vers 1929, sa veuve continua d'habiter Libermé jusqu'à sa mort, le 15 mars 1934. Il fut recueilli dans sa succession par ses deux enfants, Mechtilde et Egbert Suermondt, de Düsseldorf.

+ dans notre rubrique PHOTOS Etant tous deux de nationalité allemande, la propriété fut placée sous séquestre après la guerre 1940-1945.

Sources: "LES DELICES DU DUCHE DE LIMBOURG de Guy POSWICK" - (1951).
© foto: wikipedia.org