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Les Sœurs du Pauvre Enfant Jésus à Moresnet-Boschhausen et Gemmenich. (Syndicat d'initiative trois frontières)

Histoire ➔ Chroniques diverses ➔ Le pensionnat Maria Hilf

Chroniques diverses


  1. La Maison Blanche

Cimetière américain

  1. Avant-Propos
  2. Le site avant 1944
  3. Le provisoire
  4. Le permanent
  5. L'inauguration
  6. De Henri-Chapelle
  7. La gestion

Château David-Eulenbg.

  1. Le château
  2. La carrière (Leverbach)
  3. La Famille David
  4. Pendant la guerre (43-45)

Calvaire Moresnet-Chapelle

  1. Historique
  2. Les Pères Franciscains
  3. Œuvres art. en fer forgé
  4. Découverte botanique
  5. L'ermitage Gordes Klause
  6. Rénovation XIIe station
  7. Le cimetière du calvaire
  8. Départ des franciscains
  9. Une nouvelle gestion

Cloches de Plombières

  1. Départ des cloches
  2. Retour des cloches

Le pensionnat Maria Hilf

  1. Les soeurs à Maria Hilf
  2. Les pères à Maria Hilf
  1. Autres chroniques


Le pensionnat Maria Hilf

Les Sœurs du Pauvre Enfant Jésus à Moresnet-Buschhausen et Gemmenich


Clara Fey, née en 1815, fut une des grandes figures du 19e siècle dans le diocèse d'Aix-la-Chapelle. L'industrialisation d'Aix-la-Chapelle amena de grandes tensions sociales et un prolétariat ouvrier dans des quartiers où existait la misère. Ce furent surtout les enfants de ce milieu pauvre qui émurent quelques Dames d'Aix en 1837, parmi ces dernières se trouvait Clara Fey. Elles rassemblèrent les filles dans une école professionnelle logée dans un ancien couvent dominicain.

Parmi ces Dames, quelques-unes décidèrent de vivre en communauté, dans ce même couvent, afin d'encore mieux pouvoir accueillir les enfants. Ainsi le 8 octobre 1844, les premières sœurs prononcèrent leurs vœux dans le nouvel ordre ainsi créé.

Ce nouvel ordre s'appela "Sœurs du Pauvre Enfant-Jésus".
Les gouvernantes acceptèrent difficilement le mot "pauvre", car il soulignait la précarité du prolétariat. Le 17-5-1847, l'ordre fut reconnu par l'Etat, confirmé également par le cardinal Geissel. Les sœurs oeuvrèrent avec zèle jusqu'à ce que le "Kulturkampf" sous Bismarck (1) les força à quitter la ville impériale. Seule la maison de Burtscheid, qui abritait, des sœurs malades pouvait continuer à subsister.

Les sœurs trouvèrent refuge de l'autre côté de la frontière, à Moresnet-Buschhausen.

Elles se réfugièrent dans une petite maison, appartenant à la baronne de Résimont à Moresnet (2), maison sur laquelle la baronne avait fait construire un étage pour accueillir les enfants indigents (enfants pour lesquels on ne payait aucun minerval) ainsi que pour les pensionnaires de Burtscheid.

Dans les archives de Simpelveld (Pays-Bas), il est écrit que les sœurs arrivèrent à Moresnet le 22 mai 1877, suivies le 13 juin, par 60 enfants indigents et 70 pensionnaires.

Le 1 octobre 1877, vinrent s'ajouter les sœurs de l'institution Kuetgens-Nellessen. On célébra la première messe le 21 juin 1877. Dans les années suivantes, les sœurs créèrent une nouvelle maison à Simpelveld qui devint la maison-mère.

A Moresnet, on construisit un nouveau bâtiment en 1878, il fut surélevé d'un étage en 1890-1891. Cette maison en briques, est habitée aujourd'hui par la famille Joseph Jongen. Dans une poutre du toit se trouve gravé le nom du menuisier Malmendier de Moresnet avec la date de 1890. Il est difficile de définir, quels travaux de transformation, les sœurs entreprirent à leur arrivée. Au-dessus de l'ancienne entrée principale, on trouve la date de 1661. Dans le cour intérieure, une porte d'étable porte les initiales PP/BP et l'année 1703. Le registre d'église de Moresnet nous renseigne: " Le 6-10-1693, se marièrent Peter Pelser et Barbara Pelser. De ce couple, naquirent 9 enfants de 1694 à 1713. Dans l'aile latérale rénovée (ouest), on trouve, en 1979, dans la cave, un carrelage avec les initiales FV (ou EV) et la date 1846. Il se pourrait que ce soit l'année de construction de cette aile qui est occupée, aujourd'hui, par la famille Dütz.

Il est intéressant de signaler un extrait d'un rapport du conseil communal "Nous avons de nombreuses correspondances avec l'administration de la sûreté publique à cause du nombre d'étrangers qui viennent se fixer à Moresnet".

La congrégation des Récollets à la Chapelle vint se fixer à Moresnet, en septembre 1875 ; celle des religieuses tenant l'orphelinat à Buschhausen s'y fixa, en juin 1877.

En l'année 1881, Moresnet comptait 971 habitants, 605 Belges et 366 étrangers; 96 personnes avaient leur domiciliation normale à l'étranger et ne comptaient pas dans la population. 589 germanophones, 239 germanophones et francophones, 13 néerlandophones, 11 néerlandophones germanophones, 5 néerlandophones germanophones francophones; 673 personnes pouvaient lire et écrire, 298 étaient analphabètes.

Le couvent des Franciscains de Moresnet-Chapelle comptait 41 membres. Les Sœurs du Pauvre Enfant Jésus étaient au nombre de 20. Parmi les 96 domiciliés à l'étranger, on comptait aussi des pensionnaires de Buschhausen.

Un relevé au "Fonds Doutreloux" aux archives épiscopales de Liège donna en 1884 pour Buschhausen des chiffres intéressants: 1 Supérieur, 10 sœurs enseignantes, 12 sœurs ouvrières. Ces sœurs gèrent une maison d'éducation pour filles avec orphelinat, jardin d'enfants et pensionnat. Le nombre d'enfants était de 120 dont 20 étaient pris en charge gratuitement, 55 payaient la pension complète, 45 payaient la pension en partie. Les enfants étaient allemands, excepté 5 qui étaient de la paroisse.

La fin du bail de la maison de Lassaulx (3) poussa les sœurs à acquérir un petit terrain de bruyères à la frontière de la commune de Gemmenich, en 1901. Sous l'impulsion du curé Ernst de Gemmenich, les sœurs ouvrirent un jardin d'enfants en 1903 (environ 100). Les années suivantes, commencèrent l'aménagement d'un jardin ainsi qu'un nouveau couvent. Le rez-de-chaussée fut achevé en 1904. En 1905, la première aile, celle vers Gemmenich, fut achevée. Il fut décidé de renvoyer les enfants indigents. Les tout-petits furent confiés à Simpelveld, les écoliers furent dirigés vers d'autres maisons de l'ordre.

Sur une nouvelle insistance du curé Ernst, les sœurs ouvrirent une nouvelle école primaire pour filles, en 1906. Deux sœurs, sœur Mercédes et sœur Modesta de Buschhausen, ouvrirent chacune une classe et sœur Radegundis, également de Buschhausen, s'occupa du jardin d'enfants. Le Révérend Père Schyns, frère de sœur Johanna Thérésia et Mr le curé Ahn furent parmi les enfants inscrits à l'école gardienne. Le nombre d'enfants tant à l'école gardienne qu'à l'école primaire augmenta rapidement. Cette école compta un degré inférieur et un degré supérieur, soit 120 élèves.

En 1907, arriva sœur Marie Ludgarde (Marie de Ridder), une régente belge ; elle entreprit les formalités nécessaires pour la reconnaissance de l'école.
Le 15 septembre 1907, l'école fut subsidiée par l'Etat.

En février 1907, débuta la construction de la deuxième aile du bâtiment. Dans le bâtiment actuel, on peut nettement distinguer les deux phases de construction, à cause de la différence des matériaux employés. Le bâtiment fut achevé en octobre 1908, de sorte que les sœurs purent déménager de Moresnet vers Gemmenich. La chapelle fut solennellement inaugurée, le 13 novembre 1908. Le déménagement dura jusqu'en janvier 1909. Le couvent de Gemmenich appelé "Maria Hilf" hébergea 160 pensionnaires et au-delà de 100 religieuses.

Sœur Ludgarde, alors encore novice, dut rentrer au noviciat, en 1909, sœur Simone-Marie (Adeline Stalars) lui succéda.

En 1913, il y avait dans ce pensionnat, 215 filles "de bonne famille" afin d'y entreprendre les études secondaires complètes, mais aussi une école ménagère pour filles externes de la région. Afin d'éviter toute rivalité entre filles aisées et les autres, les élèves portèrent un uniforme, blouse blanche et jupe bleue.

D'après la chronique, il semble que l'enseignement fut interrompu en 1918, le couvent était occupé par des réfugiés français. A la fin de 1918, Maria-Hilf compta des enfants allemands de la région liégeoise.

Après les vacances d'été, le pensionnat réouvrit ses portes. La situation politique en 1919 amena la transformation de l'enseignement en allemand vers l'enseignement en français. Les sœurs allemandes purent continuer après le 14 janvier 1919. La bonne renommée de l'école contribua à son bon développement. En 1922, on comptait 60 à 80 enfants au jardin d'enfants, les 4 classes de primaires devinrent 8 classes soit 160 élèves, alors que le pensionnat germano-belge comptait 150 élèves.

Ce fut entre 1920 et 1930 que le plus grand nombre de sœurs allemandes arrivèrent à Maria Hilf : en 1926, il y avait 120 sœurs.

Pour l'école primaire, un nouveau bâtiment fut érigé en 1927 (occupé aujourd'hui par l'école primaire libre), il devint fonctionnel le 9 novembre 1928. Sœur Simone-Marie fut remplacée en 1932 par sœur Ludwiga (Léonie Heylen) et en 1938, sœur Anne-Marie (Eléonore Michiels) prit la direction de l'école. Ce fut la sœur Simone-Stalars qui fournit les fonds nécessaires à la construction de la nouvelle école. Le curé Stalars, frère de la sœur, bénit l'école.

Remarquons qu'une section privée d'études moyennes a existé pendant de longues années pour les élèves internes.

En 1940, les Allemands fermèrent l'école (4) et tous les enfants durent fréquenter l'école communale dirigée par du personnel allemand. Les sœurs partirent pour Bruxelles (rue de la Poste). De 1940 à 1942, la maison fut occupée par des enfants et des vieillards réfugiés d'Allemagne (maison de retraite Boromée d'Aix-la-Chapelle). A partir du printemps 1942, Maria-Hilf hébergea 200 jeunes sociaux de Dormagen. L'année suivante, Maria-Hilf devint une dépendance médicale de Burtscheid. En 1944, elle devint un home pour des enfants de Neuss.

En 1944, le curé Ernest Langohr rappela les sœurs et l'école réouvrit ses portes. Entre 1944 et 1950, Maria-Hilf hébergea des colonies scolaires.

En plus des élèves allemandes, l'école accueillit des filles de la région verviétoise.
En 1950, le pensionnat fut fermé.
Les sœurs vendirent le bâtiment.

Elles construisirent un nouveau couvent au-dessus de l'école primaire.

La dernière sœur directrice de l'école fut sœur Claire Overath, elle fut remplacée par un laïc, Monsieur Jean-Louis Merken, qui céda sa place à Monsieur Robert Reinders.

Les sœurs du Pauvre Enfant Jésus partirent vers la maison de Borsbeek, le 13 décembre 2003.

La sœur Clara Fey fut inhumée à Simpelveld (Pays-Bas), les reliques ont été transférées à Aix-la-Chapelle le 1 septembre 2012.

(1) Bismarck par son Kulturkampf avait supprimé d'Allemagne les congrégations religieuses autres que celles qui travaillaient dans les hôpitaux.
(2) voir Château Bempt à Moresnet.
(3) Les enfants étaient tellement nombreux que les soeurs ont du louer la maison voisine Lassaulx en 1896.
(4) Le gouvernement allemand ayant interdit aux élèves allemands d'étudier à l'étranger.


Extraits: Chronique 7 - Auteur: J.Langohr (Gemmenich)